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23 janvier 2008

Voie du coeur et compassion

  On ne voit bien qu'avec le coeur
Le Petit Prince. Saint-Exupéry 

Quelque chose m'irrite en ce moment: c'est la recherche du sens à tout prix. Alors on intellectualise, on raisonne, on déduit, on démontre par a+b. Ca rassure sans doute, le monde s'explique, plus d'imprévu, plus de surprise, plus d'inconnu, du moins le croit-on... Chercher à donner du sens à ce qui en a d'accord, mais tout interpréter, mettre du mental partout, culpabiliser le pauvre, le chômeur, le malade, le handicapé, et j'en passe, là je ne comprends plus. Où est donc passée notre compassion? Où s'exprime le coeur?

Et puis c'est oublier que nous sommes différents, que certains sont plus fragiles ou moins bien armés pour la vie et la santé que d'autres, que chacun est le résultat d'une histoire, d'une biologie et d'une éducation avec lesquelles il n'est pas toujours facile de composer. C'est oublier que chacun vit dans une société avec ses qualités et ses défauts, avec une volonté politique plus ou moins grande de diminuer les pesticides, les gaz polluants, de cultiver bio, de réellement prendre en compte la santé des citoyens en arrêtant par exemple de privilégier le profit de tel ou tel labo ou pas. Et que ça, sur l'instant, on n'y peut pas grand chose. A part sans doute veiller sur nos enfants, jour après jour. Alors chacun se débrouille avec ce qu'il est, avec ce qu'il a, et encore, bienheureuses nos sociétés occidentales où pour la plupart nous mangeons à notre faim!

On aimerait parfois juste comprendre pour ne plus avoir à prendre le chemin du coeur. On cherche alors des boucs émissaires au lieu d'aller à l'essentiel. Trop besoin de certitudes et pas assez de confiance en notre sensibilité! Et pourtant... Une situation difficile se présente? Qu'allons-nous en faire? Quelle attitude sera la nôtre? Comment allons-nous aborder la difficulté, l'affronter, la passer tout simplement? Avec qui? Elle sera l'occasion de quel partage, de quelle croissance? Vers quoi va-t-on marcher et avec quelle ressource ignorée puisée tout au fond de nous?

Ce que je me demande, c'est où est passée notre compassion. Où est donc la réelle attention à l'autre et à ses besoins, à ce qu'il est, à ce qu'il dit, à ce qu'il éprouve, à ce qu'il sait, à ce qu'il peut accomplir, à ce qui compte pour lui, pour elle. Je suis ulcérée par toutes les belles paroles dites de communication et par le peu de regard, le peu d'écoute, le peu d'ouverture du coeur. Pourtant, tous, un jour ou l'autre, nous serons en situation de faiblesse, de vulnérabilité, et nous serons là à quémander un peu d'attention, un peu d'humanité, un peu de tendresse. Oui notre corps va s'user, oui tout le monde peut se retrouver à la rue très vite, oui la vie est parfois dure. Et oui surtout, nous mourrons toutes et tous au bout du compte, et là nous serons nus avec pour tout bagage nos petites vies réussies ou pas et le souvenir de nos amours, de nos joies et de nos peines, de nos partages. Qui nous tiendra la main? Qui sera présent, physiquement ou dans notre coeur, vraiment présent?

Et vous, pour qui êtes-vous présent?

Ce qui m'émeut si fort de ce petit prince endormi,
c'est sa fidélité pour une fleur,
c'est l'image d'une rose qui rayonne en lui comme la flamme d'une lampe,
même quand il dort...

Et je le devinai plus fragile encore.
Il faut bien protéger les lampes: un coup de vent peut les éteindre...

Antoine de St Exupéry, Le Petit Prince

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