Koans

Imaginez que vous soyez entièrement prisonnier dans un bloc de pierre. Comment en sortez-vous? On sort du bloc en faisant un pas en avant ou sur le côté.

Autre exemple:

« Une oie pond un œuf dans une bouteille. Plus tard, l'œuf éclot et une oie en sort. Comment cette dernière sort-elle de la bouteille?, demande le maître à son disciple.

Le moine se retire pour méditer. Vingt ans plus tard, il sollicite un entretien avec le maître et lui annonce qu'il a résolu le koan.

« Comment l'as-tu résolu? demande le maître. - L'oie est sortie », répond l'élève.

(ici Jodorowsky rappelle l'histoire du moine qui méditait dans un temple en pierre: il finit par s'assoupir et renverse sa bougie dans son sommeil, mettant le feu au temple avec ses boiseries et son bouddha géant inflammables; il décide alors de sauver cet immense bouddha en dépit de son poids extrême et se retrouve devant une porte qu'il ne peut franchir; le sage nous demande comment le moine fait pour sortir du temple)

C'est une histoire du mental. Tout a été inventé par notre cerveau. Nous avons réuni un certain nombre de données sous forme de problème à résoudre mais nous devons garder à l'esprit que toutes ces données sont men­tales, inventées de toutes pièces... La porte trop étroite de ce koan n'a pas plus de réalité que la dif­ficulté que nous nous créons. L'une et l'autre sont des créations de l'esprit. Elles sont fausses. 

C'est nous qui posons cette limite de la petite porte. C'est donc à nous (dans la mesure où cette porte a la même nature que le bouddha et tout le reste de l'histoire) de résoudre le problème tout seul et instantanément.

Nombreuses sont les personnes qui, portant le poids de leur vie passée, rencontrent des pro­blèmes. Elles sont comparables à ce moine qui se heurte à une porte trop étroite. Elles disent:

« Aidez-moi à sortir, je suis prisonnière!  - Sors! »

« Je suis désordonné. Que faire pour m'en sortir? - Deviens ordonné! »

« Je n'arrive pas à me concentrer. Que faire? - Concentre-toi! »

« Je suis lâche. - Sois courageux! »

« J e suis faible. - Fortifie-toi! »

« Je n'ai pas la foi. - Crois! Cherche peu à peu, millimètre par millimètre et aie la foi! »

(...)

Premièrement, le bouddha en bois n'existe pas. Il n'empêche que nous le portons. Pourquoi nous chargeons-nous d'un poids pareil?

Deuxièmement, nous nous endormons. pourquoi nous endormons-nous?

Troisièmement, l'incendie n'existe pas. Pourtant, nous lui donnons une réalité et il finit par nous brûler. Pourquoi flambons-nous? Nous créons nous-mêmes l'incendie qui nous détruit. Pourquoi voulons-nous nous mettre dans ce drame?

Quatrièmement, la porte étroite n'existe pas. Nous en sommes prisonniers alors que nous pourrions la franchir tout de suite.

Extrait du merveilleux livre d'Alexandro Jodorowsky,
' Le Doigt et la Lune ', p.58,
collections Espaces Libres,
chez Albin Michel.