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14 février 2007

Le yoga de Patanjali

Philosophe indien (situé entre 250 av. JC et 400 après JC.), Patanjali fut le premier à rénover l'ancienne tradition du Yoga hindou en s'inspirant du Samkhya et des textes hindous de la Bhagavad Gita. Il nous a laissé un traité structuré de ses pratiques: les Yogas Sutras.

L'ayurveda

Le yoga est fondé en partie sur la médecine traditionnelle de l'Inde, l'Ayurvéda. Ce un système médical holistique, considéré comme le plus ancien de l'histoire humaine par les anthropologues, cherche à guérir la personne en l'aidant à retrouver son équilibre, la cause de la maladie étant le malade et non la maladie elle-même. En ce sens, elle rejoint les approches modernes de la psychosomatique occidentale.

La médecine ayurvédique utilise l'approche symbolique pour tenter de comprendre la maladie psychique et physique. Chaque personnalité est décrite comme un composé en proportions variables des éléments primordiaux, l'espace et l'air, le feu, l'eau et la terre. La clef de voûte de la médecine ayurvédique est la constitution individuelle (ou Prakriti). On retrouve en occident la caractérologie de René le Senne, qui mettra en place une classification des types psychologiques humains, ou les symboliques de C. G. Jung ou de Wilhelm Reich. Dans la médecine Ayurvédique, la typologie s'étend au biologique, au physique et au psychique de l'humain.

Les vivants, êtres de lumière

Pour les yogis l'énergie vitale appelée prâna circule dans des canaux de transmission, les nadis, et est captée par le biais de centres énergétiques, les chakras. Ces concepts énergétiques sont très similaires à ceux de la médecine chinoise et de l'acupuncture. Le prana, ou énergie vitale proche de l'orgone de Reich, serait une énergie bioélectrique circulant dans la structure atomique du vivant.

De nos jours, Fritz Popp, biophysicien de réputation mondiale et directeur d’un centre de recherche en Allemagne, a montré que les cellules vivantes, animales ou végétales, émettent des rayonnements électromagnétiques d’une puissance infime mais d’une cohérence telle, qu’elles sont capables de différencier des signaux ultra-faibles noyés dans le brouillard électromagnétique. Ce facteur de cohérence dévoile par ailleurs la précision inimaginable avec laquelle s’effectue la transmission des informations au sein des tissus vivants. Et ces émissions proviennent de l’ADN!

Les cellules ont peut-être toujours su détecter la lumière. Dans son livre Biologie de la Lumière, Fritz Popp met d'ailleurs en évidence les correspondances entre les rayonnements cellulaires d’une part, très ténus mais réels et universels, et les rayonnements solaires d’autre part. Dans cet ouvrage, la cellule apparaît comme un accumulateur d’énergie solaire.

Quant à Rupert Sheldrake, éminent biologiste de l'université de Cambridge, il a découvert ce qu'il nomme les champs morphogénétiques, des champs énergétiques à l'origine de l'organisation de la matière. Des études en laboratoires attestent que ces champs impliqueraient une modification du comportement des végétaux, des animaux et des êtres humains.

Energie et blocages 

Dans l'approche yoguique, les chakras sont les principaux centres énergétiques par lesquels le corps échange son énergie bioélectrique avec l'énergie électromagnétique de l'environnement. Ces centres d'entrée et de sortie de l'énergie sont symbolisés par des fleurs fermées ou ouvertes en fonction du degré d'évolution du pratiquant. Les chakras sont au nombre de sept, chacun ayant une localisation spécifique, l'énergie parcourant un réseau énergétique vertical de bas en haut.

Ces zones énergétiques rappellent les travaux de Reich sur les cuirasses musculaires et les sept plexus. En étudiant les névroses, Reich découvre une répression des besoins sexuels et cela dès l'enfance. Selon le moment et l'intensité de la répression des pulsions par l'entourage de l'enfant, se constituent différentes cuirasses caractérielles: « La cuirasse caractérielle est une stratification, une sorte d'enkystement de toutes les expériences passées, de toutes les forces de défense mises en place par le sujet, c'est la forteresse derrière laquelle chacun se retranche pour organiser ses résistances. »

Proche de l'approche Reichienne, le système des chakras représente sept zones où des blocages bioénergétiques peuvent survenir à cause de blocages psychiques de la circulation de l'énergie du coccyx au sommet du crâne. Ces blocages sont responsables de troubles neurovégétatifs et de maladies psychosomatiques.

La pratique du Yoga

Assez proche du training autogène de Schultz, le yoga permet toutefois d'obtenir une meilleure intégration du schéma corporel et une plus grande maîtrise émotionnelle. Le Yoga diffère de la technique de Schultz dans le sens où il respecte les résistances et ne substitue pas par la suggestion la volonté du praticien à celle du patient. Proche de la psychanalyse sur ce point, le Yoga tente de rétablir une autorégulation chez l'individu.

En Yoga, la détente n'est pas un processus dynamique mais se rapproche plus de l'eutonie de Gerda Alexander. Au lieu de rechercher une diminution du tonus musculaire, le but de la pratique est d'obtenir le juste degré de tension nécessaire à l'exécution d'un exercice. On met l'accent sur le ressenti de la perception précédant le ressenti de la tonicité, permettant ainsi de différencier le schéma corporel et la conscience du corps.

On connaît l'importance majeure du vécu corporel chez le malade mental, la brusquerie et l'irrégularité des mouvements de la posture, ces troubles de l'action étant le résultat de traumas antérieurs dont le corps se fait l'écho. Le Yoga permet d'agir dans le sens de la restructuration du champ corporel chez des sujets présentant un début de symptômes psychosomatiques. Le yoga comporte des postures renversées, debout, couchées ou assises, centrées, décentrées, pliées, en torsion, etc. afin de reconstruire l'individu et sa relation au monde extérieur.

Méthode d'évolution personnelle

Le Yoga est non seulement une méthode thérapeutique mais aussi une voie de connaissance de soi et d'évolution personnelle. Ecoutons Jung à propos du yoga: « Les rapports avec l'objet s'introvertissent et, privés de leur valeur, plongent dans l'inconscient où ils peuvent contracter de nouvelles associations avec d'autres contenus inconscients et, une fois terminé l'exercice, reparaître dans l'objet. Le changement de perspective à l'égard de l'objet donne à ce dernier un nouvel aspect. Il est comme recréé ». Jung met ici l'accent sur les relations du Yoga avec l'inconscient. Redécouvert par Freud pour l'occident, l'inconscient était connu de l'orient depuis de nombreux siècles.

Patanjali dans son approche du Yoga décrit l'existence humaine comme une actualisation continue de l'inconscient (appelé vasanas) par le moyen d'expériences diverses. Pour lui comme pour Freud, l'inconscient est responsable d'un bon nombre de troubles affectant l'humain. Mais l'inconscient du Yoga à la différence de l'inconscient freudien n'est pas lié uniquement à la libido, le Yoga pense qu'il est possible de dépasser les potentialités inconscientes grâce aux exercices d'unification de différents états de conscience.

Le Yoga se fait alors méditatif, le pratiquant concentre son attention sur un objet afin d'obtenir l'apaisement du mental. Il existe huit sortes d'exercices différents composant une voie de développement intérieur progressif: exercices de respiration (pranayama), de méditation assise (dhyana, dont s'est inspiré le bouddhisme), de concentration sur des notions philosophiques, de compréhension des volitions mentales inconscientes et le travail des postures. Mais aussi des exercices permettant l'accès à des états supérieurs de conscience. Il s'agit bien d'une approche holistique: le Yoga est physique, philosophique, psychosomatique et transpersonnel.

Yoga et humanité

Le Yoga a des avantages thérapeutiques considérables: des études scientifiques réalisées par le département de psychiatrie de Copenhague établissent que le Yoga permet d'abaisser le métabolisme, relaxer les muscles, réguler les systèmes respiratoires et endocriniens, amenant un état d'apaisement mental favorable à la santé. Mais aussi il peut ralentir de manière significative les rythmes cérébraux, permettant de la sorte une diminution de la suragitation mentale, cause de nombre de pathologies psychiques.

C'est précisément dans la transformation du rythme cérébral de veille (onde bêta) en rythme cérébral du sommeil (ondes alpha et thêta) - tout en maintenant l'état de veille - que le pratiquant peut accéder à un élargissement de la conscience pure (conscience consciente d'elle-même). Cet état permet au pratiquant de comprendre les mécanismes mis en place par le mental et l'ego, de voir plus clairement le jeu de l'inconscient et d'affiner la connaissance de son individualité.

D'après Jung qui étudia le système des chakras, une grande majorité d'individus concentreraient leur niveau d'activité principalement autour des trois centres inférieurs (agressivité, pulsion sexuelle et égocentrisme). Dans le yoga, le passage des centres inférieurs aux centres supérieurs se nomme « le saut du cœur ». Il suppose la capacité à  « lâcher prise » et une attitude mentale caractérisée par le non-attachement égotiste, la détente intérieure et la lucidité vis-à-vis des événements extérieurs, l'apaisement des tensions engendrées par les frustrations et le développement du sens de la coopération et de l'entraide.

Le cinquième chakra est celui de la créativité: situé au niveau de la gorge, il est le lieu de l'inspiration philosophique et artistique, de la parole et du chant. Le sixième centre est celui de la connaissance intuitive: situé entre les deux sourcils, il est le centre de la vision holistique de soi, la vision des illusions du mental. Le septième et dernier chakra est celui de l'état transpersonnel: situé au sommet du crâne, au-dessus de la fontanelle, il participe à l'unification des cerveaux gauche et droit dans le but du développement total de l'être.

Jung remarqua qu'à travers l'éveil de l'énergie vitale se rassemblaient des niveaux plus profonds de l'être par le mouvement du soi inconscient. Chaque chakra a une influence sur les autres. Les trois premiers centres inférieurs, peuvent freiner l'évolution de l'humain, mais assurent sa survie. Les quatre centres supérieurs tendent à accélérer cette évolution. Le but du yoga est donc, par l'éveil et l'harmonisation de tous nos centres d'énergie, d'élargir la connaissance de soi et d'intégrer de nouveaux schémas de comportement, axés sur la coopération et l'entraide, en toute conscience de notre humanité.